"Les boues rouges", un danger méconnu mais permanenent"

Publié le par generation-ecologie-paca.over-blog.com

La Provence du 11 octobre 2010

  

  

La provence - 11-10-10

  

  

Pour votre confort de lecture, ci-dessous le texte de l'article :

 


 

Les « boues rouges » : un danger méconnu mais permanent

 

La catastrophe de Hongrie vient nous rappeler que les bienfaits de la civilisation industrielle ont un coût et que la pollution peut être le revers de la médaille industrielle. Un revers que Michel Villeneuve, directeur de recherche au CNRS à l’Université de Provence, décrypte pour nous.

 

D’où proviennent les « boues rouges » ?

Les boues rouges sont intimement liées à l’essor de l’aluminium dans tous les domaines : aéronautique, automobile, bâtiment, etc. Et comme les réserves de bauxite (le minerai dont est extrait cet aluminium) sont immenses, cette activité devrait nous accompagner pendant plusieurs décennies avec son cortège de « boues rouges » (soit entre 2 à 3 tonnes de boues rouges pour une tonne d’alumine).

Ces « boues rouges » sont plus ou moins toxiques selon le type de minerai utilisé (plus ou moins riche) et selon les traitements appliqués pour réduire leur pollution. Mais en moyenne on trouve dans ces boues rouges du fer, des résidus d’alumine, de la soude caustique, des métaux lourds et des produits chimiques plus toxiques comme l’arsenic.

 

Elles sont donc très toxiques ?...

Pour donner une idée des quantités de polluants on a compté parmi les 304.000 tonnes de boues rouges déversées en 2001 au large de Cassis par l’usine de Gardanne: 93 000 tonnes de fer, 22.000 tonnes d’alumine, 19 000 tonnes de titane, 613 tonnes de chrome, quelques tonnes de Zinc, de plomb et de cuivre et 260 kg d’arsenic et de vanadium. Enfin une radioactivité peut apparaître après concentration. L’aluminium est toxique pour les poissons à la concentration de 1.5 mg par litre et les poissons ont du mal à se reproduire dans un environnement contentant plus de 3 mg de fer par litres. Mais pour les hommes le danger immédiat vient de la « soude caustique » qui provoque des brûlures.

 

Quels sont les dangers liés à la catastrophe de  Hongrie ?

Plus d’un million de m3 de boues rouges ont été déversées dans un affluent du Danube. C’est une quantité équivalente à 5 fois la cargaison de l’Amoco-Cadiz ou à 70 fois celle de l‘Erika. Le danger immédiat vient de la soude caustique qui donne à ces boues rouges un PH de 13 soit une concentration 10 fois supérieure à celle d’une eau de javel ordinaire. L’alternative proposée par les autorités hongroises c’est de recouvrir ces boues par des cendres ou des machefers afin d’éviter les poussières issues de ces boues rouges lorsqu’elles seront séchées par le soleil. Là encore le remède semble pire que le mal.

 

Quelle est la situation en Provence ?

Comme la « bauxite » dont le nom vient de « Baux de Provence » est un minerai qui fut abondant en Provence. Les premières industries de l’alumine se sont développées dans ou près de Marseille. Elles ont laissé des « crassiers » de boues rouges séchées dans de nombreux vallons et notamment dans les quartiers nord de Marseille ou encore à Vitrolles et autour de Gardanne.

Face à cette obturation des vallons il a été décidé dans les années 1960 de déverser les boues rouges provenant de la dernière usine en activité (celle de Gardanne) dans le canyon sous marin de Cassidagne au large de Cassis. Jusqu'à la révision de la convention de Barcelone (en 1996) c’est environ 1.4 million de tonnes de « boues rouges » qui étaient déversées annuellement en mer soit un peu plus que la catastrophe Hongroise de cette semaine. Heureusement la convention de Barcelone sur la « sauvegarde la Méditerranée » a limité les rejets en mer à 250.000 tonnes par an jusqu’en 2015 où tout rejet en méditerranée devra cesser.

 

Propos recueillis par Frédéric CHEUTIN


 

 

 

 

 

 

 

 

  

  

  

  

  

  

  

 

  

 

Publié dans Presse - Médias

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